Le jeune moine barbare marchait en silence en direction du nord. Le chemin de terre battue qu'il empruntait depuis l'aube lui semblait proprement désolant. Qu'importe, il avait de quoi s'occuper l'esprit: le sort qu'il avait appris la semaine précédente demandait une longue contemplation avant de pouvoir être lancé convenablement. Ainsi, il marchait, le regard dans le vide, ses mains décrivant des ébauches de dessins arcaniques dans l'air. Il ne remarqua pas le tressaillement dans les fourrés à sa gauche, et c'est à peine s'il prêta attention au bruit d'épée dégainée derrière lui. Des bottes foulèrent la terre à grand pas pour le rattraper. Bientôt, un homme en armure le dépassa pour ouvrir le chemin, l'arme au poing. Ce dernier scruta les sous-bois, pour finalement opiner d'un coup de tête et rengainer prudemment son arme. Purga reprit enfin sa place derrière Eolïn et tous deux continuèrent leur marche au travers de la forêt capricieuse.
Ils s'étaient rencontrés par hasard dans un relai pour voyageurs 3 jours auparavant. Après un maigre échange de politesses, ils s'étaient découvert une destination commune: la ville de Féliasti, capitale du royaume septentrional d'Ikas. Mieux encore, tous deux s'y rendaient par intérêt pour la magie. L'un cherchait de nouveaux pouvoirs pour l'aider dans sa quête de sagesse, l'autre de l'aide pour révéler et maîtriser une puissance intérieure restée jusque là muette. Ils étaient tombés d'accord pour faire route ensemble vers le nord afin de mieux se prémunir des dangers du voyage. Depuis lors, leur traversée des prés et forêts était silencieuse et sans rencontre. Aucun des deux n'avait l'intime conviction de pouvoir compter sur l'autre en cas de problème.
Limdor sauta d'un mouvement léger vers la branche suivante. Se mouvoir dans cette forêt était un jeu d'enfant pour lui: les vieux chênes présentaient de solides branches dépourvues de feuilles sur leur longueur. Pendant ce temps, son nouveau compagnon le guidait droit vers le gibier. Le rôdeur courait à travers la végétation en contrebas comme si l'animal était à portée de vue. Limdor ne pouvait rêver meilleur partenaire de chasse.
Sandre fendait les herbes et arbustes, le visage placide. Seule l'épée courte dans son poing gauche trahissait ses intentions chasseresses. Il se réjouissait à l'idée de pouvoir enfin manger du cerf. Son manque de discrétion lui avait déjà valu de faire fuir son repas, ce qui l'avait condamné à se nourrir de cueillette et de petits animaux. L'archer représentait pour lui une aide nourricière et défensive de taille. Depuis le départ de son père et l'animosité de la communauté elfe à son égard, il s'était résolu à vivre en solitaire dans la forêt capricieuse, changeant chaque nuit de camp pour ne pas être découvert.
Soudain Limdor siffla. Sandre stoppa sa course et tourna les yeux vers le haut. L'elfe pointa du doigt vers le chemin forestier non loin avant de s'y diriger par la voie des airs. Sandre suivit prudemment au travers des arbustes. Il se dissimula à l'orée du chemin au moment ou deux voyageurs passaient devant lui. L'un d'eux, un guerrier en armure, dégaina et ouvrit le chemin sur quelques mètres avant de se renfrogner et revenir derrière. Limdor contemplait cette caravane de fortune avec circonspection. Ces voyageurs devaient être soit de puissants combattants, soit des étrangers inconscients pour s'aventurer à deux dans cette forêt chaotique. Ne savaient-ils pas que le chemin lui-même n'était pas une direction vers la sortie? Mais ce qui inquiétait le plus l'elfe, c'étaient les voix aigrelettes qui chuchotaient à quelques centaines de pas au nord. Les gobelins semblaient préparer une embuscade, et deux combattants ne suffiraient pas à les repousser. Ces créatures répugnantes s'en prenaient aux voyageurs, tuant et pillant sans discrimination, transformant les abords de la forêt en véritables charniers. Les humains étaient impuissants à maintenir l'ordre dans cette forêt et les elfes toléraient la menace, vivant cachés au cœur du bois.
Limdor fit signe à Sandre de le suivre et tous deux se dirigèrent en silence vers le lieu supposé de l'embuscade, à la même allure que Eolïn et Purga. Une fois arrivé à portée de tir, Limdor encocha une flèche, banda son arc, visa puis hurla: « Embuscade! » De part et d'autre du chemin, les fourrés s'agitèrent et vomirent six gobelins – trois de chaque coté – qui se ruèrent en direction du moine. L'aventure du quatuor venait de commencer.
Ils s'étaient rencontrés par hasard dans un relai pour voyageurs 3 jours auparavant. Après un maigre échange de politesses, ils s'étaient découvert une destination commune: la ville de Féliasti, capitale du royaume septentrional d'Ikas. Mieux encore, tous deux s'y rendaient par intérêt pour la magie. L'un cherchait de nouveaux pouvoirs pour l'aider dans sa quête de sagesse, l'autre de l'aide pour révéler et maîtriser une puissance intérieure restée jusque là muette. Ils étaient tombés d'accord pour faire route ensemble vers le nord afin de mieux se prémunir des dangers du voyage. Depuis lors, leur traversée des prés et forêts était silencieuse et sans rencontre. Aucun des deux n'avait l'intime conviction de pouvoir compter sur l'autre en cas de problème.
Limdor sauta d'un mouvement léger vers la branche suivante. Se mouvoir dans cette forêt était un jeu d'enfant pour lui: les vieux chênes présentaient de solides branches dépourvues de feuilles sur leur longueur. Pendant ce temps, son nouveau compagnon le guidait droit vers le gibier. Le rôdeur courait à travers la végétation en contrebas comme si l'animal était à portée de vue. Limdor ne pouvait rêver meilleur partenaire de chasse.
Sandre fendait les herbes et arbustes, le visage placide. Seule l'épée courte dans son poing gauche trahissait ses intentions chasseresses. Il se réjouissait à l'idée de pouvoir enfin manger du cerf. Son manque de discrétion lui avait déjà valu de faire fuir son repas, ce qui l'avait condamné à se nourrir de cueillette et de petits animaux. L'archer représentait pour lui une aide nourricière et défensive de taille. Depuis le départ de son père et l'animosité de la communauté elfe à son égard, il s'était résolu à vivre en solitaire dans la forêt capricieuse, changeant chaque nuit de camp pour ne pas être découvert.
Soudain Limdor siffla. Sandre stoppa sa course et tourna les yeux vers le haut. L'elfe pointa du doigt vers le chemin forestier non loin avant de s'y diriger par la voie des airs. Sandre suivit prudemment au travers des arbustes. Il se dissimula à l'orée du chemin au moment ou deux voyageurs passaient devant lui. L'un d'eux, un guerrier en armure, dégaina et ouvrit le chemin sur quelques mètres avant de se renfrogner et revenir derrière. Limdor contemplait cette caravane de fortune avec circonspection. Ces voyageurs devaient être soit de puissants combattants, soit des étrangers inconscients pour s'aventurer à deux dans cette forêt chaotique. Ne savaient-ils pas que le chemin lui-même n'était pas une direction vers la sortie? Mais ce qui inquiétait le plus l'elfe, c'étaient les voix aigrelettes qui chuchotaient à quelques centaines de pas au nord. Les gobelins semblaient préparer une embuscade, et deux combattants ne suffiraient pas à les repousser. Ces créatures répugnantes s'en prenaient aux voyageurs, tuant et pillant sans discrimination, transformant les abords de la forêt en véritables charniers. Les humains étaient impuissants à maintenir l'ordre dans cette forêt et les elfes toléraient la menace, vivant cachés au cœur du bois.
Limdor fit signe à Sandre de le suivre et tous deux se dirigèrent en silence vers le lieu supposé de l'embuscade, à la même allure que Eolïn et Purga. Une fois arrivé à portée de tir, Limdor encocha une flèche, banda son arc, visa puis hurla: « Embuscade! » De part et d'autre du chemin, les fourrés s'agitèrent et vomirent six gobelins – trois de chaque coté – qui se ruèrent en direction du moine. L'aventure du quatuor venait de commencer.